Pouvoir d’achat : Les gouvernements nous mentent pour nous voler

PapaMarx ne souscrit pas entièrement aux propos et analyses tenus dans ce texte. Toutefois, la démonstration des mécanismes de traficotage des statitisques de l’inflation est très instructive, et c’est sur cette base que nous publions le texte.

tiré de:oulala.net

En rouge, l'inflation officielle, en bleu l'inflation corrigée par John Williams

En rouge, l'inflation officielle, en bleu l'inflation corrigée par John Williams

Fichtre ! Au risque de faire passer son auteur pour un clown, cette affirmation exige une explication solidement étayée de preuves. Voici donc suffisamment d’éléments pour que vous puissiez vous faire une idée.

Tout le monde comprend ce qu’est le pouvoir d’achat, même ceux qui n’ont aucune notion d’économie. Mais pour être évalué, le pouvoir d’achat nécessite le calcul du produit intérieur brut, celui du taux de croissance c’est à dire l’évolution d’une année sur l’autre du produit intérieur brut, et du taux d’inflation de base et réel.

Le calcul par les bureaux du gouvernement du produit intérieur brut et du taux d’inflation ont une importance considérable sur votre vie de tous les jours et sur votre avenir. Pourquoi ? Parce si le gouvernement fait en sorte, par de savants tours de passe-passe que je vais dénoncer ici, de sous-estimer le taux d’inflation et de sur estimer le produit intérieur brut et le taux de croissance il va pouvoir, en toute impunité et avec l’apparence de la meilleure bonne foi, indexer à la baisse nos salaires, nos prestations sociales, et nos retraites. Si le gouvernement publie un taux d’inflation de 3% et indexe nos salaires, prestations sociales et nos retraites en conséquence alors que le taux d’inflation réel est de 8%, il nous vole de 5% sur l’année.

Pour illustrer ces notions, je vais prendre l’exemple américain, qui se justifie d’autant plus que Sarkozy a confié au Prix Nobel Américain Joseph Stiglitz le soin de proposer un nouveau calcul de la croissance, et donc du produit intérieur brut et de l’inflation. Vous verrez que pour Sarko ce sera tout bénéfice de nous enfumer encore plus en intégrant à ce qui se fait déjà en France les méthodes de magouilles américaines. Les Américains n’ont pas seulement inventé le Big Mac et la bombe atomique, ils sont maîtres dans l’art de permettre aux capitalistes de gouverner les masses.

Aux Etats-Unis, Clinton, en 1996, a fait adopter par le Bureau of Labor Statistics la nouvelle méthode de Michael Boskin pour calculer l’inflation. Alors que l’inflation se mesure par l’évolution du coût d’un panier de biens et de services, Boskin a apporté trois innovations majeures, qui ont permis aux politiciens et aux intérêts capitalistes de minimiser l’inflation réelle. Ces trois innovations sont : la substitution, la pondération et l’hédonique. Passons-les en revue une à une et vous apprécierez combien le calcul de l’inflation permet de la sous-estimer, avec tous les bénéfices que j’évoquai plus haut soit la sous indexation des salaires, des prestations sociales et des retraites.

La substitution : Imaginons que le panier de biens et de services de référence pour calculer l’inflation contenait du saumon, la méthode de substitution permet de remplacer le saumon par autre chose, sous prétexte que c’est ce que le consommateur fait si les prix du saumon augmentent. Le prix du saumon est donc remplacé par le prix d’un poisson moins cher ou même d’un hot dog (ne riez pas, cela s’est réeelement passé et des dizaines de fois). Entre 2007 et 2008, le bureau des statistiques américaines (BLS) a évalué le taux d’inflation du panier de bien et de services à 4.1%, alors que le bureau fermier (Farm Bureau), un organisme tout aussi sérieux que le premier, l’a évalué à 11.3%. Plus de 7% d’écart, bien pratiques pour prétendre que l’inflation est contenue et refuser des augmentations de salaires, de prestations sociales et de retraites. L’impact du calcul de l’inflation en intégrant le principe de substitution de la commission Boskin est que l’inflation n’illustre plus le coût de la vie mais le coût de la survie. Il est bien évident qu’en passant du saumon au sandwich et pour en arriver à la baguette de pain sec, on ne vit plus, on survit.

Le deuxième artifice qui distort l’évaluation réelle de l’inflation, du produit intérieur brut et de la croissance est la pondération : Ce principe, appliqué par la commission Boskin, est que tous les biens et services du panier de référence dont le coût augmente le plus rapidement deviennent sous pondérés dans le calcul de l’inflation. Par exemple, aux USA, le coût de la santé est de 17% du produit intérieur brut, mais entre pour 6% seulement dans le calcul de l’inflation, car ce coût croit rapidement. Cet artifice grossier permet de sous estimer l’inflation, et la pondération par calcul géométrique permet de renforcer la distortion de la réalité et d’amplifier la sous estimation déjà faite avec le premier principe de substitution.

Le troisième principe de la commission Boskin qui sévit depuis 1996 et Clinton est l’hédonique, du grec « pour le plaisir de ». Voilà comment ce principe est appliqué systématiquement aux USA pour minimiser le taux d’inflation. Voici un exemple réel : Si un téléviseur était évalué 300$ dans le panier de référence de l’an dernier et que pour 300$ on a aujourd’hui le même, mais avec une meilleure qualité d’écran, le gouvernement considère que le prix du nouveau téléviseur est de 200$, même si le prix est toujours de 300$. Le même principe s’applique pour tout : Téléphones, ordinateurs, voitures, etc, etc.

Depuis 1980, un économiste expert indépendant en calcul économiques, John Williams, calcule les véritables taux d’inflation, de PIB et de taux de croissance aux USA. Pour l’année 2008, à ce jour, il a calculé que l’inflation s’établissait aux alentours de 12%, alors que le bureau des statistiques américain l’évalue à 4%. John Williams a calculé que les prestations sociales devraient être 70% supérieures à ce qu’elles sont aujourd’hui, mais que le calcul erroné sciemment de l’inflation avait permis au gouvernement américain de voler les prestataires de 70%.

Le calcul du produit intérieur brut a lui aussi été trafiqué. Pour l’année 2003 par exemple, le PIB aux USA a été de 11,000 milliards de dollars, mais il a été gonflé grâce à deux artifices. Ce montant comprend 1600 milliards de dollars d’imputations. Qu’est ce que l’imputation ? Par exemple, le gouvernement intégre au montant du PIB les loyers que les propriétaires de maisons aux USA ne doivent pas payer ! Le gouvernement a aussi ajouté 2300 milliards de dollars d’hédonique. Imputations et hédonique ont gonflé artificiellement le PIB de 35% de sa vraie valeur ! Une autre façon pour le gouvernement de gonfler le PIB réel par rapport au PIB de base est de sous estimer le déflateur, c’est à dire l’influence de l’inflation. On calcule aisément que depuis 2004 le déflateur est passé de 3.5% à 2.5%. Un pourcent de plus pour enfumer le citoyen. Inutile d’ajouter que sur estimer le PIB permet au gouvernement de clamer que le taux d’imposition par rapport au PIB est faible, puisque le dénominateur (PIB) est élevé.

La globalisation a permis d’harmoniser les calculs des taux d’inflation, du PIB et du taux de croissance entre tous les pays du monde. Les naïfs n’y voient que du feu. Les Etats-Unis sont des pionniers. La France de Sarko, vassale du grand capital et abuseur du peuple, s’apprête avec les travaux de Stiglitz à revoir le calcul de ces indicateurs économiques, à la baisse pour l’inflation et à la hausse pour le PIB et le taux de croissance.

La dégradation du pouvoir d’achat, que vous ressentez depuis des années, va faire l’objet d’un démenti du pouvoir en place, grâce à l’adoption de méthodes erronées pour le calcul des indicateurs économiques. Globalisation oblige, ainsi qu’asservissement des masses au grand capital et au pouvoir qui dirige le monde.

Quant aux mensonges sur la sévérité du taux d’inflation aux États-Unis, ils ont permis l’accumulation d’une dette de plus de 4 fois le PIB américain, et créé le problème des subprime. Qui dit estimation d’un taux d’inflation faible dit taux d’intérêt peu élevé, ce qui a permis la bulle immobilière. Les banques du monde entier ayant prêté aux emprunteurs américains, les lourdes pertes qu’ils doivent supporter aujourd’hui ont créé la crise financière qui détruit nos économies. La France, tout comme l’Europe, s’en sortira comme s’en sortiront Chine, Asie, Amérique du Sud et Canada. Il en sera tout autrement des États-Unis, où il faudra plusieurs générations pour effacer le problème commencé en 1985 et qui s’est accéléré de façon exponentielle avec George W Bush (encore lui !). Les Américains ont eu la mauvaise idée de voter et revoter pour lui. Ils le paieront chèrement et beaucoup ne pourront même pas prendre leur retraite, alors que les impôts augmenteront y compris pour les plus pauvres.

Dieu merci, la France n’a pas la monnaie qui a permis au dollar de vivre depuis les accords de Bretton Woods en 1944 sur le dos des autres. Ce privilège exhorbitant a servi les États-Unis mais sera à l’origine de leur déclin. Je suis d’un naturel optimiste, mais j’ai la conviction que la crise mondiale, surtout américaine mais aussi globale par contrecoup, n’en est encore qu’à son début. En dépit de la toute récente remontée du dollar US après 7 ans de dégringolade et de l’effondrement des cours de l’or, l’économie américaine est au seuil d’un affaissement gigantesque. Nous tous serons touchés dans notre vie quotidienne. Soit dit en passant, les prédictions de Madame Lagarde sur le taux de croissance ont rejoint le cimetière des mensonges éhontés, lieu de prédilection des politiciens qui prétendent nous gouverner.

On peut se demander pourquoi les gouvernements se livrent à des calculs économiques erronés et déformés sciemment. Une réponse est qu’ils leur permettent de boucler leurs budgets du moins de presque y arriver. Une autre réponse est que celà permet des transferts de richesse incroyables entre les masses et les très riches. Les gouvernements nous mentent pour mieux nous voler, et remplissent les poches des nantis.

Ashoka.

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2 Réponses to “Pouvoir d’achat : Les gouvernements nous mentent pour nous voler”

  1. Cécile Says:

    Comment intégre-t-on l’augmentation des loyers – autour de 4% par an depuis plus de 10 ans – soit aujourd’hui, je dirais vers les 30 à 50% des revenus d’une famille – dans le pouvoir d’achat des ménages ?
    Existe-t-il une étude qui pose en // l’augmentation des loyers, en comparaison des revenus des ménages ?

  2. papamarx Says:

    Ces chiffres existent pour tous les pays disposant de statistiques nationales. Le terme statistique est « taux d’effort », c’est-à-dire le rapport entre la dépense en logement d’un ménage et son revenu.

    Cependant, les hausses de prix des actifs immobiliers sont exclus du calcul de l’inflation. Pour avoir une idée de la pression que les augmentations de loyer mettent sur le pouvoir d’achat des ménage, il faut donc regarder l’évolution du taux d’effort moyen, mais en s’assurant d’y exclure les ménages qui ont terminé de payer leurs hypothèques, ce qui implique d’avoir accès aux données brutes et d’avoir quelques compétences statistiques.

    Si vous cherchez ces chiffres-là pour chez vous, un coup de fil aux organisations de défense des locataires pourrait peut-être vous éclairer.

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